29.
— Cela ne sert à rien de vous débattre. Le produit que je vous ai injecté va bientôt faire effet et vous ne pourrez plus bouger. Alors même si vous arriviez à vous détacher, vous ne pourriez pas aller bien loin. Tout ce que vous risquez, c’est de vous faire mal aux poignets… Soyez gentil, restez calme.
Pascal Lejuste, à bout de forces, cessa de tirer sur ses liens et tenta de reprendre son souffle. Le torchon que sa tortionnaire avait enfoncé dans sa bouche pour le faire taire l’empêchait partiellement de respirer et il risquait de s’étouffer.
Les yeux emplis de panique, il observait, incrédule, la femme qui tournait lentement autour de la table où elle l’avait ligoté.
Il s’en voulait tant ! Comment avait-il pu être aussi stupide ? Après la mort des trois autres, il était pourtant resté sur ses gardes. Il s’était méfié de tout, avait pris mille précautions. Il avait tout vérifié chez lui, changé les horaires de ses trajets, demandé à sa femme de partir quelques jours chez sa mère en Alsace. Il avait même fermé le restaurant. Cela faisait deux jours qu’il ne travaillait plus. Et finalement, ça avait son erreur. Parce qu’il s’était remis à boire.
Seul, sans nouvelle des autres, torturé par l’angoisse, il avait cédé à ses vieux démons. En deux jours, il avait entièrement vidé l’armoire où il gardait ses alcools forts et ce soir, poussé par cette insatiable nécessité, il s’était rendu dans la seule boîte encore ouverte à Figeac. Pas la mieux fréquentée.
Mais comment avait-il pu être aussi stupide ?
Ce n’était pas elle qui était venue à lui. Elle était entrée dans la boîte une heure après lui, environ, et avait attiré aussitôt son regard, avec sa longue chevelure et son petit ensemble sexy.
En temps normal, jamais il ne serait allé l’aborder. Non qu’il n’eût jamais trompé son épouse – cela lui était arrivé plus d’une fois, y compris avec l’une de ses propres serveuses – mais aborder des femmes dans un bar n’était pas son fort, surtout quand elles étaient aussi belles et qu’elles semblaient avoir une vingtaine d’années de moins que lui… Mais, ce soir-là, il avait beaucoup bu et il avait fait le premier pas.
Voilà ce qui le rendait le plus furieux : c’était lui qui avait fait le premier pas. Le premier pas vers cette femme qui, dans quelques instants sans doute, allait le tuer.
Mais comment avait-il pu être aussi stupide ?